Anne Carrière
2014
197
Fatimah vit au Kurdistan irakien avec son mari, leurs enfants et la famille de son mari. Un jour, elle est emmenée à l’hôpital de Souleymanyeh, très grièvement brûlée. Un accident domestique, apparemment… » Apparemment » car ces accidents dont sont victimes de nombreuses femmes, en général très jeunes, masquent souvent des crimes d’honneur. Tandis que Fatimah va lutter pour vivre malgré ses blessures, pour ses enfants et le bébé qu’elle porte et qu’elle appelle le » bébé de la honte « , la vie dans son village s’organise sans elle. À tel point qu’il semble qu’elle n’ait jamais existé. Seule sa fille aînée continuera à évoquer son souvenir. Que va devenir Fatimah ? Que s’est-il passé le jour de « l’accident » ? le jour où le » bébé de la honte » a été conçu ? Quels mystères planent sur cette femme ? Un roman poignant pour décrire la terrible réalité des crimes d’honneur.
En lisant ce livre, le temps s’est figé, tant c’est beau et fort.
Marina Carrère D’Encausse aborde le « crime d’honneur ». Cette tradition est très répandue, en toute légitimité, dans les pays arabes. Des femmes sont accusées d’adultère sous de simples présomptions ou par jalousie, par haine.
C’est la vie, la douleur « d’une femme blessée », détruite, défigurée par les brûlures. Mais Fatima reste rayonnante, elle aime et a aimé… elle a connu des instants de bonheur dans sa triste condition de femme. Elle a encore le courage de puiser de l’énergie dans son pauvre corps mutilé.
L’auteur nous fait très bien partager le parcours douloureux et inacceptable des victimes. La douleur est insoutenable, constante. A elle, s’ajoute la souffrance de l’âme, l’anéantissement, la peur de se revoir un jour dans un miroir. Il faut réapprendre à vivre avec une image atroce de soi-même.
L’auteur nous en informe tout simplement avec beaucoup d’émotion de sincérité.
Marina Carrère d’Encausse raconte très bien les liens d’amitié qui peuvent naître entre deux femmes. Elles partagent leur immense douleur, elles s’épaulent, se battent, ne renoncent pas à la vie.
Il y a aussi toute cette capacité d’écoute, de recevoir les non-dits, de les pressentir ; le respect des moments de silence, une caresse, une pression des doigts soulage, rassure…
Bref, après la lecture de ce livre bouleversant, plein de chaleur humaine, de tendresse, d’émotion, on s’interroge…
Michelle, lectrice
Si vous aussi, vous voulez partager vos coups de cœur de l’été, n’hésitez pas à nous envoyer un mail à tuclasakoi@gmail.com
Laisser un commentaire